Le monde change, les valeurs se précisent et les priorités se redessinent. C’est particulièrement le cas dans nos entreprises, ce qui demande de la part des dirigeants une bonne dose d’ouverture et d’empathie. De ces changements émergent ainsi de nouvelles tendances et approches progressives. La dernière en lice : le congé menstruel. II sera fort intéressant de constater, dans les années à venir, si cette politique réussira à s’insérer dans les avantages offerts aux employés, comme les vacances illimitées, qui étaient au départ plutôt inhabituelles, mais qui ont maintenant bien été acceptées dans les organisations. Découvrez ainsi, dans les lignes qui suivent, ce qu’est véritablement le congé menstruel.
Un peu d’histoire
Selon
Wikipédia, « le congé menstruel est une période pendant laquelle une personne qui souffre de règles douloureuses peut prendre un ou plusieurs jours de congés, payés ou non ». Ce concept est apparu au XXe siècle au Japon et il est permis de penser qu’il découle de la perception dégradante des Japonais face à l’impureté des menstruations. Toutefois, la chercheuse Asa Taguchi croit le contraire. Elle considère plutôt que le congé menstruel découle de l’émergence des techniques de médecine occidentale. À la suite de l’adoption du congé menstruel dans la législation en 1947, plusieurs pays d’Asie ont également suivi cette tendance.
Le congé menstruel au Canada
Chez nous, l’idée d’adopter le congé menstruel fait de plus en plus jaser, notamment dans le milieu politique, bien qu’il y ait encore plusieurs réfractaires, comme le mentionne
un excellent article publié par Radio-Canada à ce sujet. À ce jour, très peu d’entreprises ont par ailleurs instauré une telle pratique, bien que certaines semblent convaincues qu’une telle politique peut contribuer au bien-être des employées. Ainsi, des firmes ont offert le congé menstruel à leurs salariées pendant quelques mois avant de l’implanter définitivement au sein de leur politique de conditions de travail. Par exemple, chez Clark Influence, une agence marketing montréalaise, on a pris cette décision dans le but d’inciter les femmes à prendre soin de leur santé tout en leur permettant de s’épanouir dans une entreprise ayant à cœur leur bien-être. Pour tout résultat, l’agence profite d’une meilleure rétention de main-d’œuvre et propose une conciliation travail-famille-vie personnelle facilitée. L’entreprise canadienne
Diva International, quant à elle, octroie un congé payé par mois à ses employées. Elle souhaite ainsi influencer d’autres entreprises à faire de même tout en promouvant le bien-être des femmes.
La vision des femmes sur le sujet
Bien que le sujet des menstruations devienne de moins en moins tabou avec le temps, les femmes issues des sociétés occidentales n’en parlent pas forcément avec ouverture. Pour Camilla Power, anthropologue, les phénomènes liés aux menstruations font encore l’objet de plusieurs tabous. « La plupart de ces croyances n’ont plus cours aujourd’hui, au Québec. Mais même si nous osons parler plus ouvertement de menstruations, il n’en demeure pas moins que cette manifestation physiologique propre aux femmes est encore perçue comme un phénomène honteux, une source d’ennuis […] dont il importe de dissimuler toute trace ».
Des enjeux d’équité
Il va de soi que l’idée du congé menstruel est basée sur une bonne intention! Il permettrait aux femmes souffrant de douleurs menstruelles de s’absenter, sans plus de justifications. Pas besoin d’un billet médical, la confiance règne. D’ailleurs, certaines initiatives existent déjà dans les entreprises à ce sujet, comme la présence de produits menstruels gratuits dans les salles de bains pour femmes. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre où environ 50 % des femmes représentent la population active, adopter ce type de congé pour attirer davantage de talents peut s’avérer être judicieux. Certaines organisations pourraient décider plutôt d’augmenter le nombre de journées de maladie pour être compétitives et attractives. Ainsi, la ou les journées supplémentaires répondraient autant aux besoins des femmes que des hommes qui, de leur côté, pourraient également profiter de congés sans justifications, sans pour autant créer d’iniquités potentielles. Dans un autre ordre d’idées, il est établi de façon factuelle que le salaire des femmes est encore nettement inférieur à celui des hommes
[1], bien que la Loi sur l’équité salariale au Québec
[2] a contribué à diminuer cet écart. Ce type de congé permettrait-il de compenser indirectement ces écarts? Pour conclure, il est clair qu’en tant que dirigeant d’entreprise, il faut pouvoir prendre du recul et essayer de bien comprendre ce type d’enjeu, sans préjugés. En fin de compte, toutes les entreprises visent un même objectif : attirer les talents par tous les moyens. Cet article vous a plu. Vous désirez obtenir des conseils sur les
meilleures conditions à offrir dans votre organisation.
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L’équipe Flexia Conseil. [1] « Portrait des écarts salariaux entre les femmes et les hommes de formation universitaire » (8 mars, 2021)
statistique.quebec.ca. Récupéré de
https://statistique.quebec.ca/fr/communique/avis-diffusion-portrait-ecarts-salariaux-entre-femmes-hommes-formation-universitaire [2] E-12.001 – Loi sur l’équité salariale (2021).
legisquebec.gouv.qc.ca. Récupéré de
https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/E-12.001